Voilà quelque temps que je trouve « par-ci par-là » sur le net des blogs ou des articles qui traitent de la dégradation de la situation de la musique live dans les villes. A lire : Cruise Ship Drummer et George Colligan…
Je préfère commencer en disant que, bien entendu, comme vous le confirmerez vous même à la fin de votre lecture, ma petite contribution n’est pas vraiment indispensable, elle présente cependant l’intêret de confirmer que le phénomène décrit par ces observateurs à Portland, New York, L.A s’est s’effectivement répendu…
Les faits : on constate (les musiciens) que les opportunités de jouer de la musique live dans nos villes ne fait que diminuer… Bien entendu, les opportunités d’écouter de la musique live sont les mêmes !
Le problème : les conditions de rémunération proposées par les quelques lieux qui programment encore de la musique sont souvent source de malentendu…
préambule : le domaine d’étude :
Les « clubs » n’ont jamais représentés une source unique de revenu pour les musiciens « locaux » (du monde entier ! ). La diversité des revenus a toujours été la condition première à la professionalisation des musiciens (cours, tournées avec johnny haliday, orchestre de bal, cocktails et soirées privées, groupe qui parcourent le pays dans les festivals et centres culturels, interventions dans des écoles, orchestre subventioné, enregistrements studio, musique à l’image, chorales d’écoles, master classes, son et lumières, cascades en tout genre…).
Il est évident qu’on ne parle pas ici de la condition du musicien dans sa totalité, juste de l’aspect local (et social) de la musique live dans une cité, mais surtout de la nécessité pour le musicien ET pour LA MUSIQUE de l’existence ces lieux où les musiciens peuvent faire vivre leur art de la manière la plus simple.
Revenons à l’état des lieux.
Il y a différents cas :
– La paye est ridicule… voire inacceptable. le problème est qu’il y aura toujours des musiciens « dans l’ambaras » qui acceptent l’inacceptable, et si ce n’est pas le cas, il y aura toujours des musiciens amateurs pour accepter ces conditions, sans se poser la question du rôle qu’ils jouent dans la disparition lente du métier de musicien (en tout cas, pour ne pas dramatiser, le rôle qu’ils jouent dans la précarisation des professionels). Je vous proposerai à la toute fin de cette analyse une minute de silence pour ce qu’on appelle « les pouvoirs publics », en effet, on ne peut plus ignorer le rôle qu’ils peuvent jouer, soit en brillant par leur absence (comme il y a quelques temps, notamment a l’époque où j’ai commencé à jouer dans les clubs, où circulait pas mal de « cash » … mais au moins les musiciens étaient payés ! ), soit par la probable menace de contrôle qui bloque net toute tentative de programmation musicale (charges salariales, paperasse, sacem…)
– La paye est « aux entrées ». On décharge alors sur le groupe TOUTES les resposabilités : fréquentation du lieux, montant du cachet, publicité, souvent même c’est au groupe que revient la responsabilité de payer quelqu’un pour « faire les entrées » (… »vous avez bien un copain ou une copine qui peut faire ça ? »… comme quand on était des groupes d’étudiants avec des groupies – ça passe avec l’age ! ).
– Une des pires : La paye est « aux entrées » et « il faut fournir une facture »… le summum de l’hypocrisie ! On a TOUTES les responsabilitées, ET on doit assumer charges salariales ET patronales, ET souvent les frais engagés par le portage du salaire par une associaton pour faire une facture et des cachets… donc une TVA ! Hallucinant ! Le patron « financier » du club ne prends alors aucun risque, les groupes ne coutent absolument rien, et ils se permettent souvent de faire la gueule s’ils n’ont pas vendu assez de bieres !!
Je dois dire que je ne trouvais pas forcément les conditions révées quand il y a 15 ans on était payés un « fixe » et même parfois déclarés dans les clubs !! Je sais maintenant que c’était de trés bonnes conditions et que les tarifs n’ont jamais vraiment augmentés. Trouver un club en ville où on peut jouer avec un fixe de 75€ de nos jours est un « bon coup ». Mes lectures sur certains blogs, dont ceux qui sont cités en début de post, m’ont fait découvrir (avec un certain étonnement sur la similarité des situations) que beaucoup de musiciens sont confrontés à ce phénomène.
Que faire : essayer d’éduquer les patrons de clubs ??
Je crois aussi que l’intêret d’avoir des clubs, bars, hotels, restaurants avec de la musique live est vital pour la vie d’une ville… De la même manière, la survie des musiciens dans un pays dépends de la politique culturelle du pays, et … dans le cas particuliers Français, la sauvegarde du régime d’indémnisation chomage des intermittents du spectacle permet aux artistes de subsister. (au passage, cela permet aussi aux pouvoirs publics de ne pas avoir de vraie politique culturelle « populaire » pour faire vivre le plus grand nombre des ses artistes…).
Donc, pour revenir à la vie de la cité et à la musique live, une partie de la réponse est dans la question !! c’est à la politique de la VILLE que revient le devoir de faire fonctionner cet élèment vital de la diffusion et de l’activité culturelle (heu, oui, je précise, l’activité culturelle simple et toute bête, celle d’un gars qui chante une chanson avec sa guitare, pas la machine que j’ai vu il y a quelques années au CAPC à Bordeaux dans laquelle on mettait des aliments d’un coté, sur un petit tapis roulant, et de l’autre coté sortait… heu… de la merde ! ) – je pense que j’aurai pu faire la programmation d’un club de jazz local pendant 6 mois avec l’argent qu’a couté ce truc « culturel »). Pour les Bordelais de passage sur ce Blog, je ne parle même pas d’Evento tellement j’ai rien à en dire puisqu’il n’y a pour ainsi dire AUCUNE retombées économiques pour les artistes bordelais !
Que la ville aide les lieux qui souhaitent faire de la diffusion musicale… Amen !
Si vous êtes un bar, un restaurant, un club, faites des concerts !!
J’ai quelques conseils pratiques :
– les musiciens, les groupes, la musique, c’est comme les produits que vous utilisez pour cuisiner, ou comme une bagnole, ou une télé… le low cost, c’est du low cost, c’est comme ça. Vous payez rien, vous aurez pas terrible. Les choses ont un prix, renseignez vous.
– imaginez une programmation, une ligne, un style, quelque chose qui fera que les gens vont venir chez vous sans forcement savoir quel groupe il y a, mais ils savent que ce sera bon ! (si tu va à New York, va au Village Vanguard…).